Lucilia Carvalho Ribeiro, 45 ans, est arrivée en Suisse à l’âge de 18 ans depuis Vila Real, au nord du…

Burnout, percée et indépendance – Entretien avec Nada Lanz
Nada Lanz, 43 ans, est née en Albanie, a grandi à Rome, et a déménagé en Suisse il y a 15 ans. Après avoir traversé un divorce difficile et surmonté des pressions juridiques et financières en tant que mère célibataire, elle a reconstruit sa vie grâce au soutien de plusieurs employeur·euse·s fidèles qui ont cru en elle. Aujourd’hui, elle gère son travail de manière indépendante avec résilience, créativité et détermination.
Depuis combien de temps vivez-vous en Suisse ?
Je vis en Suisse depuis environ 15 ans. Même avant de m’y installer définitivement, je venais souvent ici depuis l’âge de 17 ans jusqu’à mes 24 ans. Ça a toujours été un endroit où je me sentais chez moi.
Comment êtes-vous devenue aide-ménagère ?
Ce n’était pas prévu au départ. Je traversais une procédure judiciaire à cause de mon divorce et je devais trouver un travail immédiatement. On essayait de planifier toute ma vie à ma place. Et j’ai dit : « Non. Personne ne planifie ma vie. C’est moi qui le fais. »
Mais je devais tout de même trouver un emploi le plus rapidement possible, sinon je risquais de tout perdre, même mon fils. En seulement 12 heures, j’ai trouvé un poste chez Batmaid. Ce n’était pas pour l’argent. Je ne voulais tout simplement pas être séparée de mon fils. C’est comme ça que tout a commencé.
Comment avez-vous connu quitt ?
Un de mes anciens employeurs chez Batmaid est policier à Zurich. Lui et sa compagne connaissaient ma situation : je n’avais ni vacances, ni indemnité maladie, seulement du stress permanent. J’ai fait un burnout chez le médecin à cause de toute cette pression.
Au poste de police, il s’est renseigné et c’est là qu’il a entendu parler de quitt pour la première fois.
Je ne connaissais pas du tout, mais il me l’a recommandé. Lui et sa compagne m’ont aidée à faire toute l’inscription. Grâce à eux, j’ai pu passer à un travail légal et indépendant. J’en ai parlé à mes autres employeur·euse·s et ils ont toutes et tous accepté de passer aussi par quitt. Ça a vraiment changé ma vie.
Pour combien d’employeurs ou de clients travaillez-vous actuellement ?
Actuellement, je travaille pour environ neuf personnes. En avril, j’en avais dix, mais l’un d’eux a voulu arrêter d’utiliser quitt et me proposer un emploi non déclaré. J’ai refusé. Je lui ai dit clairement que je ne voulais rien risquer. Je veux vivre correctement. J’ai un permis B, et même une petite erreur peut avoir de grandes conséquences pour moi.
Quelle est votre relation avec vos employeurs ?
La plupart d’entre eux venaient à l’origine de Batmaid, sauf deux. Quand je leur ai dit que je quittais l’agence, je leur ai expliqué que je voulais travailler de manière indépendante. Je ne pensais pas qu’ils me suivraient mais ils l’ont fait. Par confiance, par solidarité. Cela m’a énormément touchée. En particulier le policier et sa compagne qui ont toujours été là pour moi.
Bien sûr, tou·te·s ne sont pas parfait·e·s. Un employeur est devenu un vrai problème : il ne paie pas. Je n’y vais qu’une fois par mois, parfois deux, et il ne règle toujours pas. Ce n’est pas acceptable. Mais d’autres sont formidables : ils m’informent à l’avance et me paient correctement. Les prix varient, et je l’accepte. Je ne veux pas de conflit, je veux juste que ce soit équitable.
À quoi ressemble une journée de travail typique pour vous ?
Chaque fois que je pars travailler, j’ai le sourire aux lèvres. Je suis heureuse. Je l’ai toujours été, même dans les moments difficiles. Aujourd’hui encore plus, parce que j’aime être occupée. Et je suis beaucoup plus flexible maintenant, je n’ai plus besoin d’attendre trois heures entre deux rendez-vous comme avant. C’est tellement important, surtout quand on a un enfant ou qu’on doit gérer ses horaires avec les employeur·euse·s.
Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre travail ?
J’adore transformer les espaces. Ce n’est pas juste du nettoyage, c’est créatif. J’essaie toujours de trouver des manières plus intelligentes et plus efficaces de faire les choses. Je prends des initiatives. Je propose des améliorations, des changements et j’adore quand les employeur·euse·s sont satisfait·e·s du résultat.
Qu’aimez-vous faire après le travail ?
Je rentre à la maison, je prends un café, et je me détends. Ma meilleure amie travaille quand je suis libre, elle est à Zurich et moi à Uster, donc on ne se voit pas souvent. Ça ne me dérange pas, j’attends toute la semaine pour voir mon fils, qui est en internat. Mes soirées sont calmes, et mes week-ends lui sont entièrement consacrés.
Quels sont vos projets pour l’avenir ?
J’ai beaucoup de projets. Mon père est sculpteur – il a aussi travaillé pour l’État – et il tenait une boutique près de la place Saint-Pierre à Rome. J’ai grandi en l’aidant dans son atelier avec mon frère et ma sœur. Un jour, j’aimerais ouvrir mon propre petit commerce, peut-être vendre des objets faits main, comme de petites sculptures de personnalités albanaises importantes. En Suisse, il y a beaucoup de personnes originaires d’Albanie qui seraient fières de voir leur héritage représenté.
